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Allergologie

Publié le  Lecture 13 mins

Graminées

Guy DUTAU, Allergologue, pneumologue, pédiatre, CHU de Toulouse

Les Graminées, actuellement appelées Poacées, constituent une famille homogène et très importante de plantes monocotylédones qui comporte plus de 9 000 espèces réparties en 650 genres, aux fleurs peu apparentes, aux fruits farineux réduits à des grains et à l’aspect herbacé.

Principales graminées Les principales graminées sont les herbes des savanes et des prairies. Elles poussent sur près de la moitié de la surface terrestre. Le cours de botanique de Cours Plantefol (1) donnait la classification suivante à laquelle de nombreux botanistes se sont référés pendant longtemps : i) premier groupe des graminées (maïs, riz, canne à sucre) ; ii) second groupe des graminées comportant plusieurs sousgroupes : iiA (Hordées avec le seigle et l’orge), iiB (tribus diverses telles que les flouves, les fléoles, les fétuques, etc.). Les allergologues préfèrent distinguer les graminées fourragères (chiendent, dactyle, fétuque, phléole, ivraie, etc.) et les graminées céréalières (avoine, blé, maïs, orge, riz, seigle, sorgho). La plupart des graminées sauvages (graminées fourragères) sont comestibles, servant en particulier à l’alimentation du bétail. Les bambous et la canne à sucre font partie de la famille des Graminées. Des graminées vivaces aux aspects fluides, graciles et colorés sont devenues très populaires comme plantes ornementales des jardins tels que les roseaux de Chine (Miscanttus sinensis) (1). Les Poacées (Graminées) sont classées en 6 tribus qui comportent des chefs de file : Festucées ( Dactylis glomerata, dactyle, angl. : orchard-grass), Hordées ( Hordeum murinum, orge des rats, angl. : buffalo-grass), Avenées ( Avena barbata, avoine, angl. : oat), Phalaridées, Agrostidées ( Phleum pratense, fléole des prés, angl. : timothy), Chloridées ( Cynodon dactylon, chiendent, angl. : bermuda- grass)(2). Les figures 1 et 2 montrent l’aspect de diverses graminées, en particulier leur inflorescence et leur sommet qui sont très utiles pour les identifier (1). Figure 1. Graminées. Inflorescence de diverses Graminées permettant de les distinguer (chiendent, flouve, phléole [ou fléole], brome, Figure 2. Sommet de l’inflorescence de diverses Graminées (2). Pollens et allergènes des graminées Le pollen des graminées est très al lergi sant , responsable du « rhume des foins » (angl. : hay fever) toujours couramment utilisé dans la littérature anglosaxonne. En France, le terme d’allergie pollinique ou mieux de pollinose, utilisé par Jacques Charpin et coll. (3), est préféré à celui de « fièvre des foins » [a]. Les graminées émettent leur pollen d’avril à juin-juillet selon les régions et l’altitude [b]. La saison pollinique des graminées est précédée par celle des arbres (cyprès, bouleau, olivier) de janvier à mars-avril et suivie par celle des Composées (armoise, ambrosia) en juillet-août. Il existe une « poussée » de graminées sauvages en septembre-octobre responsable d’un regain pollinique (tableau, figures 3 et 4). Figure 3. Fétuque (Festuca Spp.). Nombreuses espèces dont la fétuque des prés (Festuca pratensis), la fétuque rouge (Festuca rubra), la fétuque élevée (Festuca arundinacea), etc. (Coll. G. Dutau). Figure 4. Dactyle pelotonné (Dactylis glomerata), une des principales graminées fourragères. (Coll. G. Dutau). Les allergènes du pollen des graminées sont nombreux, majeurs et mineurs. Selon la nomenclature des allergènes [c], un allergène majeur s’écrit en abrégé de la façon suivante, en prenant l’exemple du dactyle (Dactylis glomerata) ou Dac g 1 : « Dac » pour « Dactylis », « g » pour « glomerata » et « 1 » étant le n° de l’allergène, sachant que pour le dactyle il existe au moins 5 allergènes de Dac g 1 à Dac g 5. Pour Lolium perenne (ivraie, angl. : rye grass) les allergènes vont de Lol p 1 à Lol p 11 et pour la phléole (Phleum pratense) ils vont de Phl p 1 à Phl p 23. Autre exemple, pour l’olivier (angl. : olive), les allergènes identifiés vont de Ole e 1 à Ole e 12 [d]. Le pollen (du grec palè, littéralement : farine ou poussière) représente, chez les végétaux supérieurs, l’élément fécondant mâle de la fleur. On distingue les pollens anémophiles (transportés par le vent) et les pollens entomophiles qui, véhiculés par de nombreux insectes comme les abeilles et les bourdons, sont indispensables à la pollinisation. D’un point de vue pratique, il est possible de distinguer les « pollens légers » (les pollens des Graminées) responsables de symptômes cliniques oculaires, nasaux et bronchiques car très diffusibles dans l’atmosphère (figure 5), et les « pollens lourds » (par exemple les pollens de pin, ou de maïs) faiblement allergisants [e] car peu mobilisables par le vent (figures 6 et 7). Figure 5. Pollen de graminée (pollen léger). Noter l’aperture (en haut et à gauche), l’exine (enveloppe externe), l’intine (couche interne) et le cytoplasme. Voir : http://www.encyclopollens.fr/ la-face-cachee-des-pollens/la-carte-didentite-du-pollen/ comment-reconnaitre-et-differencier-le-pollen/ (consulté le 31 janvier 2020). Figure 6. Pollen de pin (Pinus sylvestris). Aspect très caractéristique de ces grains de pollen (pollen lourd) munis de deux ornementations latérales en forme d’oreilles. On voit bien l’exine et l’intine et au centre le cytoplasme. Figure 7. Pollen de tilleul ( Tilia Spp.). On voit bien les trois apertures. La taille des pollens est associée à l’intensité des symptômes allergiques. Il est possible d’observer des pollens (ou des fragments de pollen) dans le liquide de lavage broncho-alvéolaire (LBA), la plupart d’entre eux restent captés par les fosses nasales et/ou se déposent sur la conjonctive oculaire. En cas d’inhalation massive, en particulier au cours de l’asthme associé aux orages (voir ci-dessous), des symptômes d’asthme apparaissent, souvent très sévères. L’asthme pollinique survient le plus souvent en fin de journée, en particulier la nuit, après plusieurs heures d’exposition au pollen. Le recueil des pollens (palynologie) permet l’établissement des calendriers polliniques d’une ville ou d’une région (2,4). La pollinose Symptômes Les signes et symptômes caractéristiques de la rhinite allergique (RA) avec ou sans conjonctivite associent une congestion nasale perçue et décrite par le patient comme une obstruction nasale, des éternuements en salve, une rhinorrhée antérieure et/ou postérieure, un prurit nasal et oculaire (parfois buccal ou facial), une conjonctivite avec larmoiement et un prurit oculaire (« sensation de grains de sable dans l’oeil » ou « yeux qui piquent »). Si tous ces symptômes peuvent être plus ou moins associés, les patients atteints de RA se définissent soit comme ayant le « nez bouché », soit comme ayant le « nez qui coule ». Ces phénotypes peuvent relever de traitements différents, en particulier les corticoïdes intranasaux pour les premiers, les antihistaminiques H1 pour les seconds (5). • L’ obstruction nasale peut alterner entre les deux narines en fonction du cycle nasal et, également pendant le sommeil où une seule narine peut être obstruée [f]. • Les éternuements sont extrêmement variables, mais au cours de la RA il s’agit principalement de paroxysmes explosifs de 5 à 10 éternuements ou plus (« éternuements en salve »). • La rhinorrhée est le plus souvent de couleur claire à blanche, constituée de sécrétions translucides, mais des sécrétions purulentes doivent faire évoquer une sinusite chronique ou une rhinite atrophique (ozène). On peut observer une rhinite postérieure ou jetage nasal postérieur, très gênant. • Les signes et symptômes oculaires (rougeur, prurit, larmoiement) entraînent une forte gêne chez plus de la moitié des patients atteints de rhinite allergique et leur présence influence la prescription du traitement. • Les autres signes et symptômes possibles sont les céphalées, une tension faciale, une diminution ou la perte de l’odorat (anosmie) ou du goût (agueusie), une toux et une mauvaise haleine (halitose). Leur existence peut faire reconsidérer le diagnostic ou rechercher des comorbidités (5). Diagnostic Le diagnostic positif est fondé sur ces signes cliniques et sur la positivité des prick-tests cutanés d’allergie (PT). En pratique, la positivité des PT pourrait suffire mais, en pratique, il est souvent demandé de vérifier la positivité d’un dosage d’IgE sériques spécifiques (IgEs) contre un ou deux des pollens de graminées classiques (Rast g 3 pour le pollen de dactyle et/ou Rast g 6 pour le pollen de phléole). Il existe des réactions croisées entre les différentes graminées, fourragères bien sûr, mais aussi céréalières. À cet égard, la signification d’un dosage d’IgEs positif contre les céréales (par exemple le blé, l’orge ou le seigle) est celle d’une « réaction croisée » banale et ne traduit pas, évidemment, à elle seule une allergie alimentaire (AA), sauf cas particuliers. Le diagnostic des réactions croisées (syndromes de sensibilisations et d’allergies croisées « pollens- aliments végétaux ») est basé sur l’anamnèse, les tests cutanés d’allergie, les dosages d’IgEs et, plus récemment, sur les dosages des IgEs contre les composants moléculaires naturels et de recombinaison. Ils doivent être demandés et interprétés par des allergologues rompus à ces techniques, en particulier spécialisés en « allergologie alimentaire ». Les diagnostics différentiels, nombreux, feront l’objet d’une revue à part, en particulier les allergies végétales non polliniques qui représentent un ensemble spécial, ainsi que certaines manifestations cutanées mimant l’allergie immédiate IgE-dépendante. Symptômes associés En dehors de la rhino-conjonctivite pollinique isolée (sans asthme associé), il faut insister sur les comorbidités de la pollinose qui sont fréquentes et sur quelques situations particulières. Comorbidités de la rhinite pollinique Parmi les comorbidités plus fréquentes figure l’asthme qui peut être associé à la RA ou lui succéder (5). Presque tous les patients atteints d’asthme ont une RA. Inversement, les patients atteints de RA isolée ont un risque important de développer un asthme. Plusieurs études ont montré que l’immunothérapie allergénique effectuée chez les enfants atteints de RA pollinique isolée pouvait retarder ou même prévenir l’apparition ultérieure d’un asthme (6-8). Les autres comorbidités sont nombreuses : sinusite, otite

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